Appel à contributions > Axe 4 - Territoires en transition

Les territoires en transition soulèvent de nombreuses  interrogations: le rôle des configurations socio-géographiques héritées et la modification du rapport à l’espace et au temps, l’émergence de capacités locales de production et de gestion de l’énergie, la volonté d’autonomie énergétique portée par certains acteurs, enfin la recherche de nouveaux couplages (entre vecteurs énergétiques) porteurs d’innovation pour les territoires.

Ces interrogations sont bien sûr communes à de nombreuses technologies de l'énergie (ressources renouvelables et non-renouvelables) et aux nouveaux procédés de gestion de leur mise en réseau, tels que les smart-grid. Elles débordent aussi largement l’enjeu technologique.

Spatialités et temporalités de la transition

L’appel à communication vise à ouvrir à une dimension spatiale la réflexion sur la transition énergétique - ce à quoi la notion de ‘transition énergétique’ davantage temporelle ne nous incite guère. L’appel propose plusieurs pistes pour cela.

Configurations socio-géographiques héritées. La matérialité de l’espace et les formes d’organisation (e.g. foncier, bâti, relations aux ressources…) qui structurent les territoires induisent une diversité de rapports au temps et à l’espace. Ces héritages sont convoqués et (re)mis en jeu par les processus de transition. Ils ne peuvent pas être réduits à des résistances exogènes face à des options énergétiques émergentes. Il s’agit ici de rendre perceptible leur articulation aux processus de transition : comment interviennent ces configurations héritées dans l’orientation des processus de transition ? Favorisent-elles des dynamiques de projet par réactivation de configurations partagées (i.e. anciens communaux)? A l’inverse, certaines d’entre elles ne constituent-elles pas des aubaines pour des développements rapides et à grande échelle de certaines technologies de l’énergie ? De quels processus de qualification ou de requalification sont-elles l’enjeu ?

Synchronisation / désynchronisations de temporalités. Il s’agit d’interroger les enjeux spatio-temporels liés à l’émergence à grande échelle de technologies de l’énergie, à leur rythme de développement et à l’exploitation de ressources énergétiques aux cycles spécifiques. Par exemple, comment les cycles de croissance du vivant sont-ils synchronisés sur des rythmes d’exploitation à une échelle industrielle (modification des pratiques culturales …) ? Quelles en sont les conséquences spatiales et paysagères ? Quels enjeux les ressources dites « renouvelables » font-elles émerger dès lors qu’il s’agit de composer avec la temporalité de leur processus de régénération ?

Figures des processus décentralisés

Il est courant de célébrer la transition énergétique en cours comme la « revanche des territoires ». Cela ne va pourtant pas de soi. Si les territoires se dotent de capacités locales de production et de gestion de l’énergie, celles-ci ne résultent pas pour autant d’une « décentralisation », au sens d’une délégation de pouvoirs, de compétences et de moyens de l’Etat vers les collectivités. Elles sont souvent portées par des processus expérimentaux, multi-scalaires qui restent à comprendre et sont parfois liés à la constitution de nouveaux marchés.

Ainsi, quelles ont été les occasions historiques en France de développement de capacités locales de production et de gestion de l’énergie ? Quels ont été les expérimentations et les apprentissages menés à partir d’infrastructures énergétiques centralisées (centrales électriques, réseau électrique) ayant pu conduire à l’émergence d’initiatives décentralisées (récupération de chaleur, électrification en site isolé par EnR) ? Comment les capacités locales se pérennisent-elles en se transformant sur un territoire ?

Par ailleurs, quel a été historiquement le rôle de la Commission Européenne dans le développement de capacités locales (villes, régions) et de leur mise en réseau ? Comment s’est opérée depuis près de trente ans l’affirmation de réseaux d’autorités locales (Energy Cities, Climate Alliance, ICLEI...) ? Comment se sont-ils articulés aux instances européennes pour développer des politiques énergétiques alternatives à celles des Etats ? Comment ces processus transnationaux favorisent-ils les synergies entre les territoires ?

Les dess(e)ins de l'autonomie

Les objectifs de réduction de la consommation et de mobilisation de ressources énergétiques situées sur un espace concourent, au sens physique du terme, à l'autonomie énergétique. L'autonomie est aussi une quête - sociale et politique - capacité à réduire sa dépendance à autrui et à fixer ses propres normes. Portant ces dimensions physique et sociale avec une certaine ambiguïté et une efficacité certaine, des démarches (par exemple de planification énergétique territoriale) et des figures (par exemple les bâtiments ou territoires à énergie positive) se dessinent. Il s'agit de les recenser et d'interroger leur genèse, leur carrière, les controverses qui les ont accompagnées, ainsi que les enjeux concernés. Comment sont-elles confrontées à des réseaux de distribution qui ont fait leur preuve en termes de fiabilité d'approvisionnement et d'organisation de la solidarité entre territoires et entre ménages ? Dans des situations de forte dispersion des acteurs (cas du vecteur chaleur et du bois-énergie ...), qui et que fédèrent-elles ? Dans les deux cas, quels agencements en découlent, quelles modifications des pratiques des acteurs ? Si l'autonomie complète reste une fiction peu partagée (ce qui reste à préciser), comment se discutent les limites de l'autonomie ? Quels desseins de l'autonomie mobilisent les acteurs du bâtiment, de l'énergie et, plus généralement, des territoires ?

Couplages et innovations

Initialement, l'affaire des grands gestionnaires de réseaux et, à l'autre bout de la chaîne, celle des acteurs de bâtiments, le couplage de différents vecteurs énergétiques surgit dans le champ de l'aménagement et des politiques territoriales en accompagnement de l'efficacité énergétique et des énergies renouvelables. Il fait émerger de nouveaux marchés à l'articulation des filières en place. Comment analyser les déplacements des périmètres d'influence, la pénétration des technologies, la confrontation de savoirs ? Doit on considérer les couplages des vecteurs électricité/chaleur comme des assemblages de systèmes énergétiques portés par de multiples acteurs ou une extension, éventuellement hybridée, du réseau électrique ? Quelles articulations avec les configurations héritées, avec les dynamiques de sobriété des bâtiments, d'électrification du parc automobile, de déploiement du numérique ? En hybridant les réseaux, les couplages novateurs brouillent-ils les représentations de l'équité (tarif national de l'électricité vs tarif local du chauffage urbain), des modèles d'affaires et des marchés spécifiques à chaque vecteur (par ex. l'électricité et la biomasse) ?  En quoi stimulent-t-ils ou révèlent-ils une plus forte territorialisation de l'énergie ?

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