Appel à contributions > Axe 1 - Des futurs énergétiques en construction

Des visions du futur

L’objectif de limitation du réchauffement de l’atmosphère donne lieu à de multiples déclinaisons en termes de scénarios prospectifs. Qu’elles soient adossées ou non à des modélisations technico-économiques, les activités de production des images du futur ont encore peu fait l’objet d’analyses par d’autres sciences sociales, au-delà des comparaisons quantitatives. L’activité de scénarisation et/ou de modélisation n’en soulève pas moins un grand nombre d’interrogations. On peut ainsi imaginer des contributions empiriques ou théoriques sur les points suivants : l’analyse des pratiques et des outils de la scénarisation; l’analyse des représentations (technologies, espaces, politiques) et des valeurs qui sous-tendent les scénarisations; l’analyse de la diffusion et des mises à l’épreuve sociales et politiques de ces scénarisations.

Le “souhaitable” et le “plausible”

Le “souhaitable” requis par les scénarios de transition énergétique ne converge bien sûr pas spontanément avec le “plausible”. Ce dernier est contraint par un champ de forces où s’expriment les controverses sur les développements possibles des options de transition et les tensions dans les stratégies d’acteurs. Cet écart ne surprend guère. La cohabitation entre le souhaitable et le plausible soulève en particulier deux questions qui méritent attention.

La première est celle du tempo des changements qui sont appelés, dont le caractère inédit aujourd’hui appelle une réflexion quant à leur faisabilité : selon quels types de gouvernance, fondées sur quels principes de mise en débat ? Les interrogations sur les futurs énergétiques par segmentation de périodes et constitution d’horizons distincts (proche, intermédiaire, lointain ; feuilles de route, agendas stratégiques technologiques) induisent-elles des cadrages et des résolutions spécifiques ?

La deuxième question est celle des modalités de cohabitation contemporaine du souhaitable et du plausible : ce possible et ce souhaitable sont-ils invoqués, débattus dans les mêmes arènes ? Quelles sont les médiations entre les deux ? Comment leur cohabitation peut-elle s’opérer sans ouvrir au catastrophisme ou au fatalisme, selon quelles rationalités ou légitimités ? Quels sont la place et le rôle des dispositions transitoires dans cette cohabitation ?

Ces questions renvoient à une analyse historique des différentes manières dont les sociétés ont, selon les contextes historiques et sociaux, envisagé leur propre avenir, comme leur relation à la technique et à la science.

Les transitions dans une perspective multi-échelle et transnationale

La « transition énergétique » est un concept multiforme et fortement dépendant du contexte : remplacement du charbon par le gaz de schiste aux Etats-Unis, Energiewende et sortie du nucléaire en Allemagne, Société 2 000 W en Suisse, Facteur 4 en France. Dans les pays du Sud, les enjeux sont très différents et combinent la prégnance des fossiles, le souci d’améliorer l’accès à l’énergie, les préoccupations environnementales locales et globales. Plutôt que d’aborder la « transition énergétique » comme un discours hégémonique, il convient d’abord de poser la question : est-on dans la transition ? Toutes les sociétés s’en réclament-elles ? Chez celles qui prétendent la conduire, quelles formes prennent ces transitions ? Quels sont les effets d’influence et d’hybridation entre ces transitions, et quelles en sont les conséquences ?  

Il s’agit ici d’engager une cartographie des transitions tout en interrogeant la pertinence de cette notion pour décrire les processus auxquels elle renvoie. Nous appelons à prendre acte de la multiplicité des transitions, à explorer l’imbrication des enjeux qu’elles soulèvent, les processus auxquels elles renvoient, les modalités de mise en débat public et de délibération qui les accompagnent.

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