Appel à contributions > Axe 3 - Marchés, nouveaux portages et nouveaux partages

Le marché est aujourd’hui investi de missions renouvelées. Il est notamment convoqué pour conduire un ensemble de fonctions et d’actions autrefois prises en charge au travers de l’action étatique : innovation, recherche et développement technologique, développement de l’accès à l’énergie, gestion des réseaux électriques... Cet appel au marché ouvre à de nouveaux partages et à de nouvelles solidarités, dont l’exploration peut être structurée autour de deux axes : les recompositions de la relation entre “communs” et “commodités” dans le champ énergétique ; l’adossement de l’action publique aux instruments économiques [prix/quantité] pour le développement de politiques énergétiques.

Marchés, commodités, communs énergétiques

L’après seconde Guerre Mondiale a été marqué dans de nombreux pays par la structuration de ce que l’on pourrait appeler des « communs énergétiques ». On peut, en première approche, les définir comme des constructions collectives dans le domaine de l’énergie permettant l’exploitation des ressources énergétiques et la mise en partage du fruit de cette exploitation. Ces “communs” comprennent les infrastructures matérielles de production et de distribution, les institutions, normes et règles qui en régulent le fonctionnement, l’entretien et le renouvellement. Ils incluent aussi les règles d’accès et de mise en partage des ressources énergétiques, les dimensions territoriales et/ou de savoir-faire (nationales, locales) associées aux modes d’exploitation de ces ressources.

Nous appelons des analyses empiriques et théoriques d’inspirations diverses afin de mettre en débat une caractérisation de ces communs, de leurs évolutions ainsi que des enjeux pratiques et théoriques du recours croissant à la coordination marchande : les nouvelles commodités énergétiques (par ex. « kWh verts », « portable power products », panneaux photovoltaïques, batterie domestique...) constituent-elles une modalité inédite de production/d’échange de l’énergie ? Si oui, en quoi ? Par quels processus émergent-elles et se recomposent-elles ? Sous prétexte de recomposition des bouquets énergétiques, de développement de l’accès à l’énergie ou de recherche de l’autonomie énergétique, la transition ne résulte-t-elle pas en des formes de segmentation ou de différenciation marchande qui réservent l’accès des nouveaux communs énergétiques à certaines franges de la population ?

Nous appelons des analyses théoriques tout autant qu’empiriques couvrant tout ou partie de la chaîne énergétique (production, distribution, stockage, échange) et permettant d’explorer ces questions à partir de différents vecteurs énergétiques, dans différentes aires géographiques, de comparaisons territoriales ou internationales, de perspectives  historiques.

Marchés, prix/quantité, instruments de marché

Le recours au marché se traduit, dans le champ des politiques énergétiques, par le développement de plus en plus répandu d’instruments économiques, parfois dits « de marché ». Ces derniers articulent l’action publique autour de la définition de prix (taxes et tarifs) ou de quantités (quotas) destinés à instrumentaliser l’échange marchand au service d’objectifs politiques. Cette médiation par les instruments a plusieurs conséquences. Les visées politiques (futur bouquet énergétique, allocation de valeur) se trouvent débattues sur un plan technique, celui de l’ajustement des instruments. Les processus d’émergence et d’ajustement des politiques énergétiques convoquent une forte expertise économique : ils sont sujets à de très fortes politisations (par ex. les politiques solaire PV, le tarif d’achat éolien en UE), mais ouvrent aussi à des phases très expérimentales (par ex. les tarifications dynamiques à venir avec le compteur intelligent).

Nous appelons des analyses empiriques et théoriques sur les processus d’émergence et de diffusion, de stabilisation et de reprise des instruments dits de « marché » qui sont un élément des politiques de transition. On s’intéressera aux controverses, aux mobilisations collectives, aux instances et aux catégories mobilisées ainsi qu’au rôle des sciences sociales, notamment économiques, dans ces processus.

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